Le comingout...
En fait, j'ai cru en avoir fait un. J'ai cru que c'était clair lorsque j'ai avoué à ma mère que l'endroit où j'ai rencontré mon chum n'était pas un établissement destiné aux petits bidouilleurs informatiques comme moi, mais bien un endroit pour rencontrer des hommes dans un but plus sexuel.
Mais malgré cela, alors que cela faisait déjà 20 ans que je vivais avec mon chum, un jour lors d'une conversation téléphonique elle me dit ceci :
« Quelqu'un dans la famille est venu me voir et m'a dit que tu étais un "homme aux hommes". Mais moi je t'ai défendu. Je lui ai dit que c'était pas vrai. Que je le sais que mon gars n'est pas un "homme aux hommes" ! »
Je n'ai rien dit. Je suis habitué d'écouter ma mère parler en gardant pour moi ce que je pense réellement. Et depuis que je ne vis plus chez mes parents, c'est plus facile. Lorsque je vivais avec eux, j'avais beaucoup plus de mal. Je finissais souvent par lui avouer la vérité. Soit de mon propre fait, soit afin qu'elle arrête de me harceler. Et trop souvent, c'était pire. Néanmoins, il reste tellement de choses qu'elle n'a jamais sues et qu'elle ne saura jamais.
Souvent je ressens une pointe de jalousie quand je vois des personnages homosexuels à la télévision et dans les films qui ont malgré cela de bons rapports avec leurs parents. Même mon chum a eu de bons rapports avec sa mère jusqu'au décès de celle-ci pendant la période de confinement. Si elle n'était pas toujours d'accord avec lui concernant certains sujets liés au sexe, par exemple, ils étaient néanmoins capables d'en discuter.
Moi, je n'ai jamais eu cela avec ma mère. Quand ma mère était convaincue d'avoir raison, elle pouvait nous harceler mon père et moi jusqu'à ce que nous changions d'avis, ou jusqu'à ce que je lui fasse croire. J'ai pu constater peu avant son décès que mon pauvre papa a été le plus affecté par ces sortes de « lavage de cerveau » que ma mère nous faisait subir. Je crois que ce qui m'a sauvé, c'est que ma mère était légalement obligée de m'envoyer à l'école.
En effet, s'il est arrivé que ma mère vienne m'espionner pour voir comment je me comportais lors des récréations à la fin de mes années de primaire, l'école restait un endroit où j'étais malgré tout plus libre de penser et d'agir comme je voulais. Surtout au secondaire où elle ne pouvait plus m'espionner. J'étais plus libre qu'à la maison, mais pas si libre que cela tout de même.
En fait mes cinq années au secondaire ont été un véritable calvaire, mais ce n'était pas spécialement à cause de l'homophobie rampante qui hantait les couloirs de la polyvalente. Si j'ai toujours été plus attiré par les garçons, au secondaire j'ai peu à peu appris à les éviter le plus possible et pendant des années j'ai plus ou moins détesté les hommes qui étaient pas mal tous des idiots qui ne pensent qu'à se battre et baiser des filles. À la télévision la majorité des conflits semblaient être causés par des hommes qu'on avait privés de sexe ou d'autre chose.
Alors pendant toutes ces années lors desquelles ma mère n'avait eu de cesse de me dire qu'on n’a pas besoin de ça des amis dans la vie, je me suis laissé convaincre qu'en effet, je n'avais pas besoin d'amis. De toute façon, avec des amis comme ça, on n’a pas besoin d'ennemis. Vraiment ?
Quand je vois des parents dans des séries ou des films qui essaient par tous les moyens de pousser leurs enfants solitaires à se faire au moins un ami, c'est clair que ma mère n'était pas « normale ». Au début des années 2000, après avoir quitté le nid, j'ai parlé de cela à plusieurs personnes et il est apparu évident qu'elle agissait ainsi parce qu'elle avait peur. Ce n'était toutefois pas la même peur qu'ont tous les parents en voyant les amis étranges que leur enfant ramène à la maison. Non. Ma mère avait peur qu'on cherche à m'enlever à elle. D'ailleurs, elle me le disait souvent. Pour moi c'était un peu comme le bonhomme sept heures. Mais mon monstre à moi se nommait « travailleuse sociale ».
Parce que, en plus de nous sermonner pendant des heures pour nous convaincre de lui obéir, elle usait aussi de diverses formes de chantage. « Si tu fais ça, ils vont venir t'enlever à moi. » ou « Tu fais de peine au petit Jésus. » ou encore « Si tu m'aimes, tu vas faire ce que je dis. » Bref, moi aussi j'avais peur qu'on veuille m'envoyer vivre chez des gens que je ne connaissais pas. Alors j'ai tenté de faire profil bas à l'école et ainsi, même si j'ai néanmoins été un peu victime d'homophobie comme n'importe quel autre garçon plus intellectuel que sportif, personne n'a jamais vraiment cru que je puisse réellement être « une tapette » ou « un fif », comme ça se disait à l'époque. On ne m'a jamais vu avec une fille, mais on ne m'a jamais vu avec un garçon non plus.
Ça n'a pas toujours été facile. Et cela n'aurait pas fonctionné si j'avais voulu faire comme les autres et passer sous la douche après les périodes d'éducation physique. C'est une certitude. J'aurais été en érection presque tout du long. Vous pouvez me croire. Je n'ai jamais su les réprimer. D'ailleurs, lorsque j'avais neuf ans, les gars ont bien ri de moi en voyant mon érection après que l'un d'eux se soit amusé à nous raconter des histoires sexuelles. Et depuis je me suis toujours arrangé afin que mon pénis soit toujours plus ou moins déjà à la verticale dans mes sous-vêtements de sorte que mes érections soient moins visibles. Notez toutefois que le résultat aurait été le même avec des filles.
J'ai donc évité les vestiaires. Surtout suite à un évènement un peu particulier. J'avais peine à en croire mes oreilles. Un jour une demi-douzaine de gars étaient sous les douches. Tout à coup, un gars s'écria « Oh les gars ! Regardez Christian ! [nom fictif] Il est ben bandé ! » Et là au lieu de rire de lui, tous les autres se sont mis à l'acclamer comme s'il avait compté un but au hockey. Normal, ce gars était le meilleur de notre classe dans tous les sports. Je n'ai jamais su ce qui s'était passé ensuite, car je suis sorti de là aussi vite que j'ai pu. Je me suis toujours dit que si cela avait été moi, ils n'auraient pas réagi de la même manière.
Malgré tous mes efforts pour éviter de me retrouver seul avec des gars, d'éviter de les regarder, je ne pus complètement éviter les vestiaires. Surtout la première année. Je dus moi aussi faire des tours dans la piscine. Avec pour seul vêtement un « costume de bain » trop petit pour moi. Imaginez à quel point nous étions pauvres. Ma mère a refusé de m'en acheter un nouveau. Elle n'a jamais compris que son petit garçon devenait un homme. Elle ne savait pas que ce vieux slip de bain contenait à peine mes organes sexuels qui avaient presque déjà atteint leur taille adulte. Elle n'a jamais su qu'une partie de mes poils pubiens en sortait de chaque côté ni les conséquences que cela a eues.
Il y a tellement de choses qu'elle ne saura jamais. À quoi cela servirait-il que je lui raconte ce qui s'est passé dans les toilettes du vestiaire ? Malgré ce costume trop petit, j'étais trop gêné pour me changer devant les autres. Je ne voulais pas les voir et je ne voulais pas qu'ils me voient. Alors j'allais me changer dans l'une des cabines des toilettes. Un jour, je sors de la cabine pour retourner ranger mes vêtements dans un casier du vestiaire. Je ne me suis pas rendu compte qu'un gars était derrière moi. Il a baissé mon slip de bain en rigolant comme un idiot. Il m'a fallu quelques secondes pour remettre le maillot et ensuite lui crier dessus de ne plus jamais me faire un truc pareil.
J'ai été sidéré de voir sa réaction quand je lui ai crié dessus. Il a sursauté comme s'il ne s'y attendait pas du tout. Comme si je l'avais blessé ou quelque chose. Encore aujourd'hui je me demande ce que cela pouvait bien signifier. Est-ce que son geste était une façon de me dire qu'il voulait être mon ami ? Je ne le saurai jamais. Les années suivantes, j'ai demandé à être dispensé de piscine, car je n'ai jamais appris à nager. Mais ce que je sais en revanche, c'est que trop souvent les garçons adoptaient une attitude étrange en ma présence.
Une autre fois en cours de musique, le prof nous avait séparés en petits groupes et placés dans des petits studios ou quatre garçons de 14 ans et leur instrument de musique respectif avait un peu de mal à tenir. J'ai choisi une place où je pouvais m'assoir adossé au mur du fond afin de pouvoir surveiller les moindres gestes de ces gars qui n'étaient déjà pas très gentils avec moi en temps normal. Nous étions trois ou quatre. Je me souviens seulement des deux en face de moi, bloquant la sortie. Mais bref, l'un des garçons n'avait pas du tout envie de nous laisser pratiquer notre musique. Il a décidé qu'il aimait mieux parler de sexe. Je ne me souviens pas de tout, mais il a parlé de filles, évidemment, et de masturbation. Je n'en crus pas mes oreilles lorsqu'il se tourna vers moi pour me souffler « T'as une jambe ben bandante ». J'ai affiché une expression d'incompréhension comme à mon habitude dans de telles situations. Puis il s'est remis à parler de sexe avec l'autre gars se chamaillant au sujet de la distance jusqu'à laquelle l'éjaculation d'un gars pouvait gicler. « Même lui, il peut éjaculer par-dessus sa tête. » dit-il en me pointant du pouce. « Ben voyons, t'es malade » répondit l'autre. Moi, je ne savais même pas que ça pouvait faire ça.
Non, malgré tout, je n'ai jamais cru être homosexuel. Lorsque je tentais de me projeter dans le futur, j'avais une femme et des enfants dans une maison avec un sous-sol aménagé pour mes parents. Ce rêve, j'ai longtemps cru que c'était le mien. Il a été présent dans un coin de ma tête jusqu'à la fin de mon secondaire et au-delà. Puis le temps passa et entre l'âge de 18 à 21 ans, je me suis peu à peu aperçu que j'avais une certaine sympathie pour les personnages homosexuels à la télévision. Je découvrais que les hommes n'étaient pas tous méchants l'un envers l'autre et voir un homme en aimer un autre envers et contre tous, je trouvais que c'était ça le véritable amour. Je me suis mis à rêver qu'un jour j'aurais mon propre appartement, que je me ferais un ami qui me rendrait visite de temps en temps et que je laisserai libre d'aller voir ailleurs.
Néanmoins, ça m'a pris trois ans de plus pour me décider à sortir et ce fut dans un but purement sexuel. Je n'ai jamais pensé que je rencontrerai quelqu'un ni que j'irais vivre avec lui. Un jour je suis rentré chez mes parents. Ma mère était là, seule. Je lui ai demandé si ça lui dérangeait que j'emporte toutes mes affaires pour aller vivre chez mon nouvel ami. Elle a accepté tout de suite. J'ai été un peu surpris. Mais d'un autre côté, mes parents devaient avoir hâte que je parte.
Non, effectivement, je n'ai jamais dit clairement « Maman, je suis homosexuel. » Il faut dire que durant mes premières années de vie avec mon chum, je croyais être bisexuel. Mais je me suis rendu compte grâce à l'Internet que les vagins, ça ne m'intéresse pas vraiment. J'ai toujours eu une certaine curiosité envers les pénis des autres. Mais j'ai mis trop longtemps à comprendre que bien que ma mère m'ait dit pendant si longtemps que les pénis c'était laid et sale, moi je les aime.
J'AIME LES PÉNIS !
Enfin, c'est sûr qu'ils ne sont pas tous égaux. Certains sont plus beaux que d'autres. Néanmoins, pour moi, le pénis humain en érection c'est tellement beau. J'aime particulièrement la forme du gland. Quand je vois un beau pénis en érection, j'ai qu'une envie, le mettre dans ma bouche et faire gémir son propriétaire.
Par contre, je n'ai aucun intérêt pour le sperme. Ce n'est pas parce que j'aime faire une fellation que j'ai envie qu'on m'éclabousse les amygdales.
Je vais en rester là. Cet article me semble déjà trop long et je me suis un peu écarté du sujet. J'espère que ce n'était pas trop confus.