Anticonformiste à outrance
C'est le grand problème des jeux multijoueurs. Ne pas faire tout ton possible pour devenir bon, c'est s'exposer à la colère des autres joueurs à qui l'on fait perdre leur précieux temps de jeu. Il faut dire que la majorité des joueurs tentent de rentabiliser au mieux le peu d'heures par semaine qu'ils peuvent accorder à leur divertissement, ayant pour la plupart une famille et un travail. N'ayant pas d'enfants, j'ai un peu plus de temps libre.
Et donc, si un joueur refuse de se conformer et d'entrer, par exemple, dans l'une des trois petites cases de la « sainte trinité » comprenant les « tanks » (ceux qui encaissent les dégâts), les « healers » (ceux qui soignent les autres joueurs) et les « DPS » (ceux qui font des dégâts), il s'expose à recevoir une ou plusieurs fois le message « git gud » (traditionnellement écrit avec une faute d'orthographe). Enfin, c'est généralement le cas lorsqu'il s'agit d'un jeu massivement multijoueur (MMO).
Si aujourd'hui je suis moins fermé à apprendre à être meilleur dans les jeux, il reste que je ne me soucis guère de devenir ultra performant (« min max ») ou de rentrer dans une petite case. De toute façon, j'ai commencé il y a quelques années à limiter mes contacts avec les autres joueurs afin de réduire les risques de recevoir des messages haineux.
Ce qui précède constitue une bien trop longue introduction, mais tant pis. Mon sujet est qu'à mon avis, les gens ont encore trop souvent tendance à vouloir faire entrer les autres dans des petites cases ou à leur coller des étiquettes. Non, en réalité, c'est même pire que cela. Les gens sont en colère quand nous ne le faisons pas nous-mêmes. Et si au moins il s'agissait simplement de se conformer aux lois et aux règlements en vigueur. Mais non, il faut se conformer aux règles établies par la société même lorsque cela va à l'encontre de véritables lois et règlements. Par exemple, il faut se tasser à droite dans les escaliers roulants du métro pour laisser les gens descendre ceux-ci à toute vitesse, alors que cela va à l'encontre du règlement de la STM. Mais cela n'est pas non plus le sujet dont je souhaite parler.
Comme je l'ai mentionné quelques fois, je fréquente les applications de rencontre Grindr, Scruff et Growlr. La première étant la plus connue, mais pas du tout ma préférée. Et sur ces applications, les usagers doivent créer un profil en remplissant un formulaire. Certains champs de ce formulaire nous demandent de choisir un ou plusieurs éléments d'une liste d'étiquettes. Et cela n'a rien à voir avec une casquette.
Selon l'application on nous demandera d'indiquer à quelle « tribu homosexuelle » nous pensons appartenir parmi une liste qui continue de grandir et qui comprendra entre autres les « bear » (ours), les « chub » (ours gras), les « cub » (ours jeune), les « otter » (homme mince et poilu), les « twink » (jeune, mince et sans poils), les « daddy » (homme âgé), les transsexuels, les travesties, etc. J'ai souvent eu envie d'écrire un article pour parler du fait que bien souvent les gens ne savent où ils se situent eux-mêmes dans tout ce fourbi. J'ai très souvent vu des hommes se classer comme des ours alors qu'ils sont en réalité des loutres. Mais bon, ce n'est pas si important et de toute façon, je crois que chaque personne étant différente et unique, chacun devrait avoir droit à sa petite case personnelle.
En fait, le but de ces étiquettes est de simplifier la lourde tâche de se décrire soi-même. Mais comment faire lorsqu'aucune étiquette ne semble convenir ? Moi par exemple, mon physique serait mieux décrit en disant que je suis un « twink chubby ». Toutefois, lorsque l'on dépasse un certain âge, les gens ont tendance à nous ajouter l'étiquette « daddy » et moi, pour une raison que je ne comprends pas, je crois que je ne me sentirais jamais comme un « daddy ». Est-ce que cela changerait si j'avais dans ma vie un homme plus jeune que moi ? Mon chum est plus âgé que moi et lui non plus il ne se voit pas comme un « daddy », même s'il s'est toujours un peu comporté comme tel. En fait, je crois que le terme « mentor » serait plus approprié à ce que nous vivons. Il m'a appris tout un tas de choses. Mais je lui en ai aussi appris beaucoup. Voyez comment cela peut se compliquer.
Alors, c'est dans un but de simplifier au maximum que de tels systèmes d'étiquettes sont mis en place par la société. Des petites cases. Parfois cela peut s'avérer utile. Malheureusement, trop souvent, les gens vont s'attendre à ce qu'une personne se conforme en tout point à une image qu'ils ont d'une étiquette donnée, soit parce qu'il s'agit de l'image que la communauté propage, soit parce qu'il s'agit de l'image qu'ils se sont créée eux-mêmes en fréquentant (ou pas) de telles personnes. Si je reviens dans le monde des jeux vidéos, un joueur sera fâché en s'apercevant que le « healer » du groupe n'utilise pas la compétence ou le sortilège de soin que tout « healer » de ce niveau est censé utiliser.
Je tourne un peu autour du pot. Le groupe d'étiquettes dont je souhaite parler ne décrit pas l'apparence physique des individus. Il décrit leur comportement. Cela complique encore les choses, car il s'agit de concepts un peu plus abstraits. Alors, il y a de nombreuses années, quelqu'un quelque part a décidé que pour simplifier les choses il fallait s'appuyer sur les comportements hétérosexuels. Ensuite on se surprend de constater que beaucoup d'homosexuels ont tendance à vouloir copier les comportements hétérosexuels dans les autres aspects de leur vie.
Sans plus tarder, je parle de ces fameuses étiquettes « Top » et « Bottom ». Pour de nombreux homosexuels, il faut choisir son camp, et s'y tenir. Apparemment plusieurs en pensent autant au sujet des bisexuels (selon certaines séries américaines que j'ai visionnées durant le confinement). Mais heureusement, dans les deux cas, il s'agit d'une minorité. Enfin, selon la Wikipédia anglaise, il y aurait autour de 40 % de profiles d'hommes se déclarant « versatiles » sur Gay.com. Nombre qui varie selon les régions. Par exemple, au Wyoming, un état où l'on trouve pas mal de fermiers et de cowboys et qui sert de décors à Brokeback Mountain, il y aurait un plus grand nombre de « bottom ». En Virginie occidentale où se déroule l'action du jeu Fallout 76, il y aurait plus de « top ».
L'effet pervers de la popularisation de ces étiquettes semble être qu'une majorité d'homosexuels pensent qu'il n'y a qu'une seule bonne manière de se comporter selon qu'on est « Top » ou « Bottom » : faire comme les hétérosexuels. L'homme, le top, pénètre la femme qui se laisse faire et s'abandonne au plaisir. Et pourtant, en réalité, même chez les hétéros, cela ne se passe pas toujours ainsi. Avec la révolution sexuelle qui débuta dans les années 1960, la femme a peu à peu cessé d'être vue comme un objet que l'homme pouvait utiliser à sa guise pour sa propre satisfaction sexuelle. Les femmes ont enfin eu le droit d'explorer leur propre sexualité et de prendre le contrôle de leur plaisir. Aujourd'hui il n'est pas rare qu'un homme reste « passif » sur le dos alors qu'une femme s'installe confortablement sur son membre en érection afin de contrôler sa propre pénétration par celui-ci.
Est-ce que cette femme est ce qu'on nomme un « top » ? C'est elle qui est au-dessus. C'est elle qui est active. Il arrive même, s'il faut croire l'industrie du cinéma et de la télévision, que l'homme soit menotté à la tête du lit, de sorte qu'il ne puisse ralentir le mouvement de sa partenaire advenant qu'il se sente atteindre l'orgasme trop tôt. En passant, pour moi, personnellement, ce serait un vrai calvaire et dans une telle situation je me ferais tout mon possible pour renverser mon partenaire afin que cesse la stimulation de mon gland. En effet, une stimulation continue pendant quelques minutes suffit. Je suis peut-être ce que l'on appelle un éjaculateur précoce. Pourtant, moi et mon chum avons à maintes reprises eu des rapports sexuels qui durèrent des heures. Mais c'est une autre histoire.
Très souvent lorsque je fais le tour des profils sur les applications de rencontres, je vois des hommes indiquer qu'ils sont 100 % top ou bottom, et ça me désole. Doit-on accuser l'industrie du porno qui centre l'action de ses films sur la pénétration, qu’elle soit anale, vaginale ou même buccale ? Chez les autres animaux, les rapports sexuels sont centrés sur la pénétration, car ces derniers ne font que suivre leur instinct. Un lion ne pense pas aux bébés qui vont voir le jour lorsqu'il s'accouple avec une lionne. Il agit selon son instinct.
Les humains ont eux aussi de tels instincts, mais nous avons un petit quelque chose en plus qui nous permet d'aller plus loin. Nous les humains, nous sommes conscients de ce que nous faisons et nous en connaissons les implications et les conséquences. À cela s'ajoutent les émotions. Et si nous ne tombons pas en amour avec chacune de nos baises, nos émotions ajoutent une couche de complexité qu'il faut apprendre à gérer. Moi, par exemple, je ne me sentirais pas bien dans une relation avec un homme qui se dit 100 % top. Même si je peux apprécier de me faire sodomiser, pour moi c'est loin d'être aussi essentiel que ça ne l'est pour un homme qui serait 100 % bottom. J'aurais l'impression d'être dans une relation abusive. Et je comprends mal quand certains écrivent que c'est justement ce qu'ils recherchent. J'irais même jusqu'à dire que mon impression concernant les hommes 100 % top est qu'ils ne sont pas très gentils.
Je me souviens qu'alors que je n'étais âgé que de huit ans environ, il y eut le film « La cage aux folles » à la télévision, et ma mère m'a demandé si je comprenais comment cela se passait dans un couple « d'hommes aux hommes », comme elle nomme les homosexuels, même aujourd'hui en 2022. L'enfant que j'étais n'a pas mis longtemps à répondre. Cela m'est venu tout de suite, comme cela, comme s'il n'y avait rien de plus évident. Et j'ai dit « ben, des fois c'est un qui fait la femme et des fois c'est l'autre ». Retour au modèle hétérosexuel. Mais c'est sûr que ne connaissant rien d'autre... Toutefois, voyez-vous un point crucial qui avait déjà une place d'honneur dans ma petite tête ? L'équité dans la relation.
Déjà à cette époque il me semblait important d'être équitable dans une relation. Tantôt l'on s'occupe du plaisir de l'un, tantôt du plaisir de l'autre. Ce n'est pas obligé d'être systématique lors de chaque rapport. Mais une relation avec une personne qui ne pense qu'à son propre plaisir, je crois qu'à la longue ça doit être lassant. Cependant, si un 100 % top entretient une relation avec un 100 % bottom et qu'ils sont tous les deux 100 % heureux ainsi, qui suis-je pour leur dire qu'ils ne savent pas ce qu'ils manquent ?
Il reste que ça me désole lorsque je lis dans un profil qu'un jeune homme veut qu'on abuse de lui. Qu'un ou plusieurs top le sodomisent pendant des heures comme s'il n'était qu'un trou à fourrer. Je sais qu'on peut jouer à abuser et à se laisser abuser, faire semblant. Ces comportements font partie de ce qu'on nomme le BDSM (bondage et sadomaso). On en a tous entendu parler par le cinéma et la télévision. Mais ceux qui croient que les maitres abusent comme ils l'entendent de leurs esclaves font erreur. L'une des premières règles du BDSM est que c'est en réalité l'esclave qui tient le gros bout du bâton. Faites vos recherches.
Pour ma part, ma seule incursion dans le domaine du BDSM est de parfois « ordonner » à un partenaire avec qui je me sens assez bien pour ça qu'il me fasse une fellation ou autre. Mon partenaire a le droit de faire de même. Toutefois, je conserve le droit de ne pas obéir si cela ne me tente pas. Et là s'arrête mon incursion. Si un partenaire tente de me forcer physiquement à faire quelque chose, ça ne fonctionnera pas. Je pourrais même mettre fin à cette relation. Bref, en résumé je suis plutôt « vanille » dans mes rapports, comme il est coutumier de dire sur les applications de rencontres.
Si l'on consulte mes différents profils, on verra que je m'inscris malgré tout en tant que versatile, parce qu'il faut bien sélectionner quelque chose. Malgré cela, il arrive souvent que des utilisateurs m'envoient une ou plusieurs photos de leurs fesses, voire même de leur anus. Parfois il s'agit d'une réponse à une photo de mon sexe en érection que j'envoie simplement pour leur donner une idée, et montrer que ce genre de chose ne me gêne pas. Enfin, il semble que les idées que je leur donne ne sont pas celles que je souhaitais. Que je leur aie ou non envoyé une photo de phallus, il arrive souvent que les gens sur les applications de rencontre se fassent de fausses idées à mon sujet simplement après avoir des photos de mon visage.
Il y a ceux qui me prennent pour un top, mais il y en a aussi qui me prennent pour un bottom. C'était encore plus souvent le cas lorsque j'étais plus jeune. Encore un préjugé. Il est fréquent de croire que les jeunes hommes minces ne sont que des jouets sexuels pour les hommes plus âgés qui pourront les sodomiser tant qu'ils le souhaitent. Pour moi cette façon de penser, en plus d'être erronée et pas très gentille, est aussi paradoxale comme tenu du fait qu'en vieillissant, beaucoup d'hommes vont malheureusement souffrir de trouble érectile. Oui, le Viagra, ça existe, mais ça ne fait pas bon ménage avec les médicaments pour traiter la haute pression qui vient souvent avec l'âge et la prise de poids.
J'ai moi-même commencé à prendre des médicaments contre la haute pression il y a quelques années. Toutefois, je n'ai pas de trouble de l'érection. Enfin, mon trouble de l'érection est plutôt que je suis toujours en érection. Non pas constamment, mais trop souvent à mon gout. Presque chaque fois que je dors. Presque chaque fois que j'ai le loisir de serrer le corps de mon chum dans mes bras et de le caresser. Parfois aussi lorsque je repense aux rapports sexuels que nous avons eus avant qu'il n'en soit plus capable.
Le Viagra, encore ? Il a essayé quelques fois, il n'a pas aimé. La boite entière fut périmée bien trop rapidement et j'ai décidé de ne pas l'obligé à en racheter d'autres. Cela ne l'empêche pas de regarder du porno en mon absence, mais c'est encore une fois une autre histoire.
Quand j'écris ce genre d'article, j'en suis rarement satisfait. J'ai l'impression que mes lecteurs risquent de vouloir me dire que je mélange tout, que je suis à côté de la plaque ou que je suis un méchant malade. On ne peut pas plaire à tout le monde, à ce qu'on dit. Mais moi mon but n'est pas vraiment de plaire. Il est de tenter d'éveiller un peu les gens et de faire évoluer la société vers un monde meilleur. Ou du moins, ça l'était lorsque j'étais encore jeune. Aujourd'hui je sais que si évolution il y a, celle-ci sera bien trop lente pour que mon chum et moi nous puissions en profiter.
Il y a environ 15 ans, mon site web qui n'existe plus avait en plus pour but caché de tenter de trouver des « fuck friends », comme nous les appelions à l'époque, avec qui nous aurions pu avoir plus ou moins régulièrement des rapports sexuels en petit groupe de 3 à 5 cinq personnes, mais ce n'est jamais devenu une réalité. L'une des raisons étant que personne ne se sentait attiré par nous deux à la fois ou inversement. Quelque part entre 2013 et 2015, mon chum qui a pourtant toujours été un « courailleux » m'a demandé de le retirer de l'équation. Et depuis, je me demande si je vais un jour avoir à nouveau la chance d'avoir une queue dure dans la bouche, sans craindre que celle-ci éjacule subitement sans prévenir.
Voilà encore une chose pour laquelle je suis anticonformiste. Lorsque j'ai visionné la série Queer as Folk (version US) durant le confinement, j'ai été plutôt horrifié de voir tous les personnages accepter qu'on leur éjacule dans la bouche, comme s'il était impensable de faire autrement. Et cette série était originalement diffusée au début des années 2000. Cela m'a poussé à faire des recherches sur le sujet pour me rendre compte que même si l'on sait que le sperme est un vecteur de transmission confirmé, personne ne voit l'éjaculation buccale comme un risque s'il n'y a pas de lésions dans la bouche qui reçoit. Mais selon moi, le problème est qu'on ne peut jamais en être sûr. Il suffit de manger des aliments un peu rudes pour créer des lésions.
Et de toute façon, moi le sperme, ça ne m'attire pas plus que du mucus, de l'urine, etc. Cela me rappelle au début des années 2000 lorsqu'un homme a regardé ma photo pour ensuite m'envoyer en message privé « Toi tu dois avaler ». Non !